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Etude de la double pénalité de pauvreté en France – 2022

La « double pénalité de pauvreté » désigne le fait que les ménages pauvres doivent, en plus de subir un pouvoir d’achat plus faible, payer un même bien ou service plus cher par unité de consommation que le consommateur « médian ».

En 2022, on estime que la double pénalité brute annuelle s’élève à 1 536€, soit 8,7% des dépenses. Certaines aides permettent de réduire ses effets à 96€ de double pénalité nette annuelle, soit 0,6% des dépenses. Néanmoins, selon leurs profils et capacité à bénéficier ou non de ces aides, de nombreux ménages sont confrontés à une double pénalité nette qui peut atteindre plusieurs milliers d’euros par an.

Après une première étude menée en 2011, l’Action Tank Entreprise et Pauvreté et La Banque Postale, en partenariat avec le Boston Consulting Group (BCG), ont souhaité mettre à nouveau ce phénomène de double pénalité « sous la loupe ». Cette étude met en lumière la manière dont ce phénomène affecte aujourd’hui les ménages pauvres en France – en termes d’ampleur, en euros, des double pénalités éprouvées, des catégories de dépense concernées, et des facteurs et mécanismes à l’origine de cette « double peine ».

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L’étude sur la double pénalité de pauvreté menée en 2022 par l’Action Tank et le BCG (dans le cadre de sa contribution pro-bono à l’Action Tank), et en partenariat avec La Banque Postale, avait pour objectif de :

  • Quantifier la double pénalité éprouvée par les ménages pauvres du premier décile de niveau de vie, par catégorie de dépense – à la fois en moyenne et en étudiant différents profils spécifiques, car la double pénalité ressentie dépend de la structure de consommation, qui varie d’un ménage à un autre ;
  • Réinterroger les mécanismes sous-jacents conduisant à des effets de double peine de pauvreté (facteurs explicatifs de la double-peine) ;
  • Mettre en lumière des effets qui viennent, dans une certaine mesure, compenser la double pénalité éprouvée par les ménages pauvres (politiques publiques)

 

  1. La version de l’étude en téléchargement ci-dessous présente les principaux résultats de l’étude : il est possible d’accéder à une version plus complète de l’étude, détaillant notamment les modalités de calcul de la double pénalité de pauvreté, en formulant une demande à l’adresse mail suivante : contact@at-entreprise-pauvrete.org

 

2 fichiers à télécharger :Synthèse étude double peine_2022_vFEtude double pénalité de pauvreté_vF

Rapport d’activité 2021

L’année 2021 a été riche en avancées, avec le développement de nouveaux projets pour faire face aux défis du vieillissement, des impayés et de la protection de l’enfance, ainsi que la poursuite de la massification de trois programmes d’offres inclusives : Programme Malin, Club Mobilité et Coup de Pouce Livebox d’Orange. L’Action Tank a également poursuivi ses travaux autour de l’accès au logement et du dynamisme des territoires.

Bonne lecture !

 

 

 

 

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Modèles économiques inclusifs : guide pratique

Dans ce nouveau rapport, l’Action Tank, laboratoire d’innovation sociale réunissant entreprises, acteurs publics, associations et monde académique pour contribuer à la réduction de la pauvreté et de l’exclusion en France, partage des enseignements et des outils pratiques pour aider de futurs porteurs de projet, quelle que soit la nature de leur organisation, dans le développement de modèles économiques inclusifs.

A l’occasion de ce guide pratique, l’Action Tank Entreprise & Pauvreté et ses partenaires ont animé un Webinaire le 16 novembre 2021, pour aider à mieux appréhender les modèles économiques inclusifs et leur conception, autour du cas du Club Mobilité.

Pour visionner le replay du Webinaire : cliquez-ici !

Un modèle économique inclusif décrit une ambition et les moyens mobilisés pour créer, délivrer et recueillir de la valeur socio-économique. Il permet de remplir un objectif d’inclusion économique pour les populations ciblées, par exemple l’accès à la mobilité, à l’emploi ou encore à une alimentation équilibrée.

Sur le marché, le modèle économique inclusif a pour résultat de créer une offre inclusive à laquelle un ménage fragile peut souscrire.

Ce guide pratique s’organise en 3 temps :

I. Comprendre, s’approprier et définir la «raison d’être » d’un modèle économique inclusif

II. Construire son modèle d’opération en identifiant les leviers d’inclusion économique mobilisables, puis définir les modalités de déploiement

III. Qualifier et évaluer la valeur créée par ces modèles

Le guide traite plus particulièrement les modèles économiques inclusifs portés par de grandes entreprises, qui sont à la fois encore méconnus (en comparaison avec les actions portées par des associations ou par des entreprises sociales) et qui constituent pourtant des solutions innovantes dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Un grand nombre d’enseignements s’applique toutefois à d’autres formes de modèles économiques inclusifs.

 

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« Depuis dix ans, l’Action Tank Entreprise & Pauvreté s’est intéressée à la manière dont on pouvait agir sur le niveau de dépenses des ménages et particulièrement sur leurs dépenses contraintes : l’alimentation, la mobilité, le logement notamment. En partant de constats simples : quand le coût d’usage d’un véhicule représente entre 300 et 400 euros par mois, cela n’est pas supportable pour un salarié modeste. Quand le montant de l’alimentation infantile représente plus de la moitié de ce qu’apporte la prime d’activité à une mère isolée qui travaille, elle a du mal à s’en sortir. Il en va de même quand le coût du logement avoisine 40% du revenu.

Pour apporter des réponses à ces problèmes majeurs, l’Action Tank Entreprise & Pauvreté a développé des modèles économiques inclusifs avec de grandes entreprises, qui ont accepté de repenser leurs modèles économiques traditionnels pour faire baisser le coût supporté par les ménages les plus vulnérables. Les biens et les services sont les mêmes, mais les conditions économiques sont adaptées. »

Martin Hirsch & Emmanuel Faber, co-présidents fondateurs de l’Action Tank Entreprise & Pauvreté.

2 fichiers à télécharger :Modèles économiques inclusifs : guide pratiqueSynthèse Modèles économiques inclusifs

Revue de presse 2021

L’innovation territoriale en matière d’habitat et de logement : les initiatives des intercommunalités en 2020 – Rapport de l’Association des Intercommunalités de France et d’Espacité, janvier 2021

« Le projet de programme de logement social « en coût global » présenté dans ce recueil a résulté de la rencontre entre des préoccupations de l’établissement public territorial Plaine Commune et de celles du « do-tank » Action Tank Entreprise & Pauvreté, qui rassemble différents acteurs économiques privés. L’Action Tank avait déjà lancé des études sur le logement solidaire et l’opportunité de travailler en « coût global » avec ses partenaires Linkcity et Bouygues Habitat Social. Dans ce cadre, l’Action Tank recherchait des terrains d’application concrète. A ainsi été étudié aux côtés de Plaine Commune, de la Ville de Stains et du bailleur Seine-Saint-Denis Habitat un projet de logements sociaux abordables augmentant le reste-à-vivre mensuel des ménages locataires. »

Le projet Les Jardins de Stains / Le Logement Solidaire est lauréat du prix Programme Solidaire d’Immoweek – Immoweek, 30 mars 2021

« L’idée derrière « Le Logement Solidaire », initiative lancée en 2012 par Bouygues Bâtiment Ile-de-France-Habitat Social et l’Action Tank Entreprise et Pauvreté, association présidée par Martin Hirsch et Emmanuel Faber, c’est de mettre les besoins prioritaires et spécifiques des habitants du territoire au centre de la construction. »

Alimentation : le «Programme Malin» pour les bébés défavorisés s’étend à toute la France – 8 juillet 2021, Le Parisien

« Les 1000 premiers jours de l’enfant, de la conception à ses deux ans, sont essentiels à son développement. C’est ce constat qui est à la base du programme Malin initié en 2012 par l’Action Tank Entreprise et Pauvreté, dirigé par Martin Hirsch, aujourd’hui directeur général de l’AP-HP, et Emmanuel Faber, alors patron de Danone. »

Apres avoir été testé sur 14 territoires depuis 2012, le Programme Malin vient d’être déployé nationalement avec pour ambition de pouvoir toucher à terme plus de 160 000 enfants – 10 juillet 2021, Les Pros de la Petite Enfance

Programme Malin : une aide pour l’alimentation de bébé : « Au total, 281 euros sont proposés aux familles précaires, sous forme de bons de réductions allant de 20 à 80% » – 9 juillet 2021, Le Journal des Femmes

Le projet Courte Echelle est lauréat du prix RSE des Trophées de l’Industrie Durable 2021 – 9 juillet 2021, Actualité Air Liquide

  Chronique « Histoires économiques » de Sophie Fay – 17 novembre 2021 : « Les dépenses pré-engagées (loyer, assurance, abonnements, crédit auto…) grignotent les deux tiers du budget limité des ménages pauvres. Depuis dix ans, Entreprise & Pauvreté, association co-présidée par Emmanuel Faber et Martin Hirsch, essaie de convaincre les entreprises d’agir pour les réduire. »

Rapport interministériel : « Nous vieillirons ensemble… »

En janvier 2021, l’Action Tank a été reçu en audition par Monsieur Luc Broussy, Président de France Silver Eco et DG Ehpa Presse & Conseil, en charge d’une feuille de route sur « l’adaptation de l’habitat au vieillissement », sur demande de Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’autonomie, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au logement, et Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires.

Le rapport de Monsieur Luc Broussy vient de sortir : il peut être consulté sur le lien suivant.

L’Action Tank y est mentionné avec 2 de ses projets :

  • L’expérimentation du repérage et accompagnement des seniors fragiles chez Finistère Habitat, mettant en valeur le rôle de l’Action Tank (page 56)
  • Les projets de coopération avec les bailleurs sociaux, d’émergence de tiers-lieux, de prise en compte des enjeux du vieillissement dans les quartiers en renouvellement urbain menés par Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis avec notre appui (page 117-119), décrits avec détails et enthousiasme !

 

Rapport d’activité 2020

Malgré les incertitudes d’une année chamboulée par la crise sanitaire et économique qui en résulte, nos partenaires historiques ont poursuivi leur engagement à l’ATK – merci à tous ! L’année 2020 a non seulement marqué l’aboutissement de certains projets historiques menés avec l’Action Tank, mais a aussi vu démarrer de nouveaux projets avec des partenaires acteurs publics, et se développer de nouveaux formats pour faire rayonner l’expertise de l’association.

L’Action Tank a également fêté ses 10 ans d’existence en tant qu’association en 2020 : que de chemin parcouru !

Bonne lecture !

 

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Communiqué de presse : sortie d’un Livre blanc

« Comprendre les formes de la pauvreté pour mieux cibler les bénéficiaires des programmes inclusifs »

accessible en téléchargement gratuit sur le site de l’Action Tank Entreprise et Pauvreté ici

 

Notre objectif : lutter contre la pauvreté de manière plus efficace 

Dans ce Livre Blanc, l’Action Tank, laboratoire d’innovation sociale réunissant entreprises, acteurs publics, associations et monde académique pour contribuer à la réduction de la pauvreté et de l’exclusion, partage son expertise avec la vocation d’inspirer les acteurs de la lutte contre l’exclusion et des politiques sociales en France, pour de meilleurs résultats. 

Comment lutter plus efficacement contre la pauvreté ? Quelles formes de pauvreté doit-on cibler ? Quel critère d’éligibilité est le plus pertinent afin de toucher les ménages pauvres ? Comment éviter le non-recours, phénomène massif constaté par les pouvoirs publics depuis de nombreuses années dans la distribution des prestations sociales ?

 

Nos convictions

  • Les programmes inclusifs sont des outils complémentaires des aides publiques

Les programmes inclusifs que nous concevons sont des offres ou programmes d’origine privée ou publique visant à améliorer l’accès aux biens et services essentiels pour les ménages exclus d’un marché donné, en levant les barrières à leur accès (prix, mode de distribution, …). Ils aident à réduire leurs dépenses contraintes, en améliorant leurs conditions de vie (logement, emploi …etc). Ils font dialoguer entreprises et organisations publiques et associatives et sont complémentaires des politiques publiques.

  • Cinq principes pour mieux cibler, limitant les effets excluants non-souhaités et la « maltraitance administrative »

L’Action Tank Entreprise et Pauvreté identifie cinq principes pour que ces programmes inclusifs soient plus efficaces et atteignent leur cible :

  • Commencer par définir le type de pauvreté ciblée et ses symptômes, pour en déduire un public cible
  • Choisir un ou plusieurs critères d’éligibilité selon les caractéristiques et le volume de la population totale qui répond à ces critères
  • Vérifier l’éligibilité à moindre coût, en limitant les délais
  • Anticiper tous les freins à la souscription au programme
  • Faire un meilleur suivi des programmes

 

La crise sanitaire a mis en lumière la nécessité de mieux réagir à toutes les formes de fragilité. Les besoins à couvrir restent grands (logement, assurance, alimentation…).

Il y a encore fort à faire pour réduire la pauvreté mais un pas peut être franchi grâce aux programmes inclusifs : innovants et bien conçus, nous avons la conviction qu’ils peuvent inspirer nos politiques de lutte contre l’exclusion.

 

Contact presse

Hélène Tabuteau, chef de projet, Action Tank Entreprise et Pauvreté

06 32 19 46 53 – 09 82 40 98 80, htabuteau@at-entreprise-pauvrete.org

 

 

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Livre Blanc : Comprendre les formes de la pauvreté pour mieux cibler les bénéficiaires des programmes inclusifs

Notre objectif : lutter contre la pauvreté de manière plus efficace 

Dans ce Livre blanc, l’Action Tank, laboratoire d’innovation sociale réunissant entreprises, acteurs publics, associations et monde académique pour contribuer à la réduction de la pauvreté et de l’exclusion en France, partage son expertise avec la vocation d’inspirer les acteurs de la lutte contre l’exclusion et des politiques sociales en France, pour de meilleurs résultats. 

Comment lutter plus efficacement contre la pauvreté et quelles formes de pauvreté doit-on cibler ? Quel critère d’éligibilité est le plus pertinent afin de toucher les ménages pauvres ? Comment éviter le non-recours, phénomène massif constaté par les pouvoirs publics depuis de nombreuses années dans la distribution des prestations sociales ?

Cinq principes pour mieux cibler, limitant les effets excluants non-souhaités et la « maltraitance administrative »

L’Action Tank Entreprise et Pauvreté identifie cinq principes de la définition et la mise en œuvre de la stratégie de ciblage qui maximise l’impact des programmes inclusifs :

  • Commencer par définir le type de pauvreté ciblé et ses symptômes, pour en déduire un public cible
  • Choisir un ou plusieurs critères d’éligibilité selon les caractéristiques et le volume de la population totale qui répond à ces critères
  • Mettre en œuvre une vérification de l’éligibilité qui s’intègre bien aux réalités du travail des acteurs partenaires (type de contact avec le public, outils déjà utilisés…)
  • Anticiper tous les freins créés par la condition d’éligibilité
  • Créer des modalités de suivi des programmes qui permettent d’ajuster le critère d’éligibilité si nécessaire pour mieux toucher la cible.

 

Les besoins à couvrir restent grands (logement, assurance, alimentation) : il y a encore fort à faire pour réduire la pauvreté en développant de nouveaux programmes inclusifs aux critères larges et souples, pour bien toucher ceux pour qui ces programmes ont été conçus !

 

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#3 : Accentuation de la pauvreté en France et mesures exceptionnelles, le regard de l’Action Tank

29 avril 2020.

En France, les pauvres et les ménages fragiles sont plus durement touchés par les conséquences économiques et sociales de l’épidémie de COVID19.

Si l’impact moyen sur le pouvoir d’achat des ménages français est estimé à une perte d’environ 50 euros par semaine, soit 400 euros sur la totalité de la période de confinement, cette perte est bien plus élevée pour ceux dont l’activité s’est subitement réduite. Selon l’OFCE, 460 000 personnes vont se retrouver sans emploi à l’issue du confinement, dont 180 000 personnes en contrat court, et 288 000 personnes qui étaient en période d’essai. Une étude de la Fondation Jean Jaurès estime que 35% des actifs n’ont pas perçu l’intégralité de leur rémunération à la suite du confinement : 6% ne touchent plus aucun revenu et 29% ne touchent qu’une partie de leur revenu (activité désormais à temps partiel, chômage partiel ou technique). Les artisans et commerçants sont les plus touchés : deux tiers d’entre eux ont subi une baisse de leurs revenus à la suite du confinement. La baisse des revenus a aussi affecté fortement les ouvriers (48% des ouvriers touchés) et les employés (34%). Enfin, les personnes travaillant de façon non déclarées (travaux de ménages, babysitting…), voient également leurs revenus fortement réduits sans pouvoir bénéficier des systèmes de compensation tels que le chômage partiel.

Par ailleurs, des dépenses ont augmenté et pèsent davantage dans le budget des ménages, en particulier le budget alimentaire. C’est le cas, largement médiatisé, des familles pauvres qui bénéficiaient de tarifications sociales dans les cantines scolaires et qui, face au triplement du budget nourriture, se voient contraintes de faire appel aux aides alimentaires, comme en atteste Jean Vercoutere, délégué du Secours catholique à Marseille : « On voit des gens nous solliciter pour avoir de la nourriture alors qu’ils ne le faisaient pas habituellement ».

D’autres dépenses sont restées stables, comme le coût du logement, mais génèrent un « effet ciseaux » avec la baisse des ressources. Une étude de l’IRES estime qu’environ 2,5 à 2,8 millions de ménages d’actifs, soit 6 à 7 millions de personnes, sont ainsi durement frappés par la récession actuelle, confrontés à des versements de loyers ou mensualités de remboursement stables, des ressources en baisse, et une capacité d’épargne négative ou nulle : il s’agit majoritairement de locataires (68%) ou accédants (32%), avec des revenus intermédiaires (50%) ou bas (40%)[1]. La crise actuelle affecte plus fortement ceux qui sont les moins bien logés, dans des logements trop petits ou insalubres, ou mal équipés, y compris en matériel numérique pour poursuivre l’apprentissage des enfants à distance.

En réaction d’urgence face à la crise sociale, des dispositifs exceptionnels des pouvoirs publics, des associations et des entreprises ont été mis en place. En particulier, le gouvernement a annoncé le versement d’une aide exceptionnelle aux bénéficiaires du RSA et aux familles les plus modestes avec des enfants.

L’aide est de 150 euros par ménage au RSA, plus 100 euros par enfant, ainsi que 100 euros pour les ménages bénéficiaires d’aides au logement. Celle-ci s’ajoute à une aide mobilisable par les CAF à titre exceptionnel pour les familles les plus en difficulté.  La CAF a prolongé automatiquement ses prestations sociales et minima sociaux, pour éviter les ruptures de droit. Par ailleurs, des collectivités locales ont mis en place des aides d’urgence en direction des ménages bénéficiaires des tarifications sociales des cantines, telles que les villes de Paris, Marseille, ou Brest.

Les bailleurs sociaux se sont également mobilisés afin de proposer un accompagnement et un rééchelonnement des loyers aux ménages confrontés à une baisse soudaine de leurs revenus, afin de limiter l’effet « ciseaux », qui reste toutefois irrésolu dans le logement privé. Les entreprises, via leurs fondations et dotations exceptionnelles, ont quant à elles participé au financement de nombreuses actions de solidarité envers les plus vulnérables.

Ces aides exceptionnelles, nécessaires, viennent compléter le système de protection sociale français qui devrait permettre de mieux amortir la crise que dans des pays moins redistributifs. La réduction de la pauvreté monétaire en France grâce aux transferts sociaux et fiscaux fait partie des plus importantes en Europe avec la Finlande, le Danemark, la Suède : ainsi, le taux de pauvreté monétaire (seuil à 60%) s’établit à 13,3 % de la population mais il serait de 24,1 % sans l’existence des transferts sociaux et fiscaux.

Mais ces aides font face à des écueils, au regard des populations fragilisées par la crise : l’expérience de l’Action Tank en matière de lutte contre la pauvreté permet d’identifier trois problématiques majeures, dont dépend l’efficacité des mesures structurelles et conjoncturelles destinées à lutter contre un risque de paupérisation des ménages dans la durée.

  • Les aides exceptionnelles aux bénéficiaires du RSA excluent partie des bénéficiaires potentiels.

Les aides annoncées en France ciblent les familles avec enfants et les allocataires du RSA. Cependant, il est connu que le taux de non-recours au RSA est très important, de l’ordre de 35% des ménages éligibles selon la CNAF en 2012 et 40% selon le Secours Catholique en 2016. Même si on peut estimer que la crise sociale actuelle pourrait occasionner une diminution de ce taux de non-recours, à court terme, cela signifie qu’une part significative des ménages qui auraient légitimement besoin de ces aides complémentaires ne pourront malheureusement pas en bénéficier. Le fait de faire reposer la distribution des aides exceptionnelles sur un autre critère – moins sujet au non-recours – tel que le revenu fiscal de référence, par exemple, permettrait de toucher les ménages cibles de façon plus exhaustive. Néanmoins, le revenu fiscal de référence que l’on a à disposition actuellement est celui de 2018, soit près de 2 ans d’écart temporel avec la situation actuelle.

Comme le souligne le collectif d’associations Alerte, d’autres ménages non-éligibles au RSA sont fortement touchées par la crise sanitaire : c’est le cas les « personnes âgées bénéficiaires de l’ASPA (minimum vieillesse) […], tout comme les bénéficiaires de l’AAH, qui vivent majoritairement seuls et sont souvent dans des situations d’isolement ainsi que l’ensemble des jeunes précaires de moins de 25 ans, étudiants ou non, qui ne peuvent pas bénéficier du RSA ».

  • D’autres aides exceptionnelles sont susceptibles de générer du non-recours.

En plus de l’aide automatique à destination des familles avec enfants, des aides exceptionnelles ont été mises en place par les CAF pour les familles les plus en difficulté. Pour en bénéficier, les ménages doivent contacter les travailleurs sociaux de la CAF. On peut souligner le travail réalisé par la CAF ces dernières années pour réduire la non-information et la non-demande (les deux principaux motifs de non-recours aux prestations sociales[2]) soit via des systèmes de datamining[3] ou des rendez-vous des droits, sollicités par les équipes des CAF[4]. Par expérience, on sait qu’une part significative des ménages avec des besoins ne prendront pas contact avec la CAF, comme l’illustrent les nombreux exemples remontés par des associations qui touchent des publics dits « invisibles ». Cela souligne la nécessité de développer des méthodes de détection des besoins plus pro-actives (communication directe aux ménages), de développer l’automaticité du versement des aides en favorisant les communications de données entre institutions publiques (CAF, Centre des finances publiques…), et de s’appuyer sur des réseaux de prescripteurs sociaux locaux.

  • La crise sociale va générer une fragilisation des ménages modestes, non éligibles aux aides exceptionnelles déployées.

Selon toute vraisemblance, la crise sociale va générer un appauvrissement des populations les plus pauvres, mais également des ménages modestes, non éligibles à ces aides exceptionnelles.

Sont ainsi exclus des dispositifs d’aides exceptionnelles les ménages qui ne sont pas pauvres selon le niveau de revenus disponibles (14% de la population), mais selon le revenu arbitrable (23% de la population)[5]. Ce sont typiquement des ménages avec des revenus modestes, mais avec des dépenses contraintes élevées. L’IRES estime qu’environ la moitié des ménages à bas-revenus faisant face à des dépenses fixes de logement, tout en ayant subi une baisse plus ou moins brutale de leurs revenus à la suite du confinement, ne sont pas concernés par les mesures gouvernementales et présentent donc un risque de basculement dans la pauvreté.

La crise actuelle va également générer des changements de situations individuelles rapides des ménages. Or, une partie des droits sociaux tels que des aides sociales distribuées par les conseils départementaux ou les CCAS, ou encore l’accès au parc de logements sociaux, reposent sur des critères d’éligibilité tels que les niveaux de revenus du ménage en année n-2. Des personnes seront donc exclues de certaines aides, étant donnés les critères d’éligibilité, ce qui plaide pour une plus grande adaptation des critères à l’évolution des situations voire une automatisation dans le versement des aides.

  • Les dimensions non-monétaires de la paupérisation doivent aussi être adressées.

La reprise de l’activité économique repose également sur l’appui aux métiers et aux secteurs essentiels, mis en exergue par le confinement, et sur l’appui au retour à l’emploi durable afin de retrouver une stabilité de revenus sur le long terme. Si l’aide à la formation du Fonds National de l’Emploi a été renforcée en élargissant le périmètre des entreprises et des formations éligibles dans le cadre de la crise COVID19, celle-ci vise à soutenir la formation des actifs en emploi et donc leur maintien en emploi, mais ce sont aujourd’hui les besoins de retour en emploi qui inquiètent fortement. La mobilisation du secteur privé, et notamment des grandes entreprises, à travers leurs engagements en matière d’emploi dont l’apprentissage, doit se poursuivre, dont des initiatives plus pro-actives, comme la démarche Courte Echelle lancé par Air Liquide avec l’Action Tank pour former et recruter sur un métier structurellement en tension dans son écosystème[6].

 

Depuis 2011, l’Action Tank Entreprise et Pauvreté développe, en partenariat avec des grandes entreprises, des programmes visant à réduire les dépenses incompressibles des ménages en situation de pauvreté. Les ménages précaires qui bénéficient de ces actions peuvent acheter des produits et services essentiels (logement, alimentation infantile, mobilité, télécommunications…), avec des remises substantielles car tout ou partie des acteurs de la chaîne de valeur s’impliquent pour faire émerger de nouveaux modèles économiques. Les critères d’éligibilité utilisés sont à la fois larges et souples, ce qui permet à ces programmes d’adresser un halo de ménages qui dépasse les ménages bénéficiaires des minimas sociaux (cible privilégiée de l’action publique). Ces programmes inclusifs confirment donc leur complémentarité avec les outils plus classiques de lutte contre la pauvreté, comme le reconnaissait en 2018 la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté. Ils sont aussi un moyen d’inscrire l’engagement des entreprises dans la durée en faveur d’une économie plus inclusive, en améliorant la soutenabilité des dépenses essentielles des ménages, et proposant des biens et des services plus adéquats aux situations financières, d’emploi et de vie des ménages plus fragiles.

Face aux besoins grandissants en perspective, il y a urgence à accélérer le déploiement de ces programmes et de ces offres inclusives sur le territoire national et renforcer leur prescription notamment par des partenaires publics.

 

 

[1] Cette estimation ne prend pas en compte les étudiants ou les publics invisibles des statistiques (sans-domicile notamment).

[2] Voir travaux de l’Odenore, qui lance une consultation pour mesurer l’impact de la crise actuelle sur le taux de recours aux aides.

[3] Croisement de bases de données pour identifier des ménages probablement éligibles et en situation de non-recours

[4] Ces rendez-vous ont permis d’augmenter de 30% la probabilité des ménages de bénéficier d’un nouveau droit dans les 6 mois

[5] Depuis 2008, l’Insee calcule le revenu arbitrable, défini comme ce qu’il reste du revenu disponible une fois déduites les dépenses pré-engagées, c’est-à-dire les dépenses revêtant un caractère contractuel difficilement renégociable à court terme car encadrées dans un contrat ou un abonnement, survenant à échéances régulières et d’un montant fixe. Il s’agit par exemple des loyers, de l’assurance, ou encore des abonnements de télécommunications.

[6] Pour plus d’informations sur ce programme : https://www.at-entreprise-pauvrete.org/projet/acces-emploi/

 

Sources :

  • Confinement, récession et baisse des revenus : Quel impact des charges fixes de logement sur les contraintes budgétaires des ménages ? P. Concialdi, IRES, avril 2020
  • Covid-19 : 500 millions de personnes menacées de pauvreté dans le monde, Grégoire Normand, La Tribune, 9 avril 2020
  • L’économie souterraine représente 12% du PIB français, Grégoire Normand, La Tribune, 27 février 2019
  • Dans les quartiers populaires, « si on remplit le frigo, on chope le corona », Louise Couvelaire, Le Monde, 18 avril 2020
  • Les bonnes volontés sont nombreuses : comment l’aide aux plus démunis se réorganise, Isabelle Rey-Lefebvre et Julia Pascual, Le Monde, 24 mars 2020
  • Olivier Klein : « Tous les jours, dans les quartiers, on frôle le point de rupture », Propos recueillis par Louise Couvelaire, Le Monde, 21 avril 2020
  • Coronavirus : déjà 11 milliards de pertes de revenus pour les ménages en France, Béatrice Madeline, Le Monde, 21 avril 2020
  • Coronavirus. Les demandes d’aide des étudiants explosent dans les Pays de la Loire, Vanessa Ripoche, Ouest France, 2 avril 2020
  • Lettre ouverte au Premier Ministre, collectif Alerte, avril 2020 : http://expertise.uniopss.asso.fr/resources/trco/pdfs/2020/D_avril_2020/Lettre_ouverte_Premier_Ministre_collectif_ALERTE.pdf
  • Les familles en difficulté peuvent « demander à leur CAF une aide supplémentaire » en plus de l’aide de solidarité, indique Christelle Dubos, Jean-François Achili, 15 avril 2020, France Info
  • Personne ne sait dans quelles conditions je vis, Fondation Abbé Pierre, 22 avril 2020

#2 / Repenser nos programmes existants pour tenir compte de l’impact de la crise

17 avril 2020.

Les situations de pauvreté et de fragilités sont au cœur de la mission de l’Action Tank depuis bientôt 10 ans. La crise sanitaire actuelle et ses conséquences économiques révèlent, mais exacerbent également des fragilisations parmi des publics ciblés par nos programmes (demandeurs d’emploi, familles avec jeunes enfants, sans-abris…). Tous nos programmes et projets en développement sont ainsi réinterrogés.

Comment tenir compte de l’impact de la crise sur les ménages fragiles et repenser nos programmes en conséquence ?

 

1) Renforcer la communication sur les programmes qui peuvent apporter une aide immédiate aux publics cibles, afin d’atteindre autant de ménages éligibles que possible.

La fermeture des écoles et l’objectif de continuité pédagogique ont mis en lumière le manque d’équipement et de capacité d’utilisation des outils numériques à la maison pour beaucoup de familles, en particulier les familles pauvres.  L’offre Coup de Pouce Livebox d’Orange, accompagnée par l’Action Tank depuis janvier 2019, et qui propose une offre d’internet à domicile et un ordinateur portable reconditionné pour les familles modestes, voit sa raison d’être renforcée. Les Directions Régionales Orange et les équipes terrains ont ainsi été mobilisées pour accélérer le déploiement au regard de l’urgence des besoins constatés. Il apparaît également nécessaire de favoriser la diffusion du programme dans le milieu éducatif : des prises de contact avec les recteurs d’académie sont en cours.

C’est aussi l’accélération de la prescription auprès des familles qui est visée par le programme Malin (accès à une alimentation infantile de qualité), en envisageant aujourd’hui une mobilisation accrue de la CNAF et des CAF partenaires. Cet objectif viendra compléter l’action de court terme déjà engagée pour recruter des familles, s’appuyant sur l’adaptation du contenu de conseils à la période de confinement (activité des jeunes enfants, accompagnement au développement du fait-maison…).

 

2) Prévenir les effets de la crise sur les bénéficiaires des programmes (baisse de ressources, évolution de la situation d’emploi, isolement…), en adaptant les offres.

Le Club Mobilité, offre de location de véhicule avec option d’achat (LOA) dédiée aux demandeurs d’emploi et travailleurs indépendants précaires, pourrait faire face à une problématique de solvabilité parmi ses bénéficiaires, tenus de s’acquitter de mensualités de paiement. Une flexibilisation de l’offre pourrait être envisagée : blocage temporaire des mensualités, retour du véhicule anticipé, etc. La discussion entre partenaires du Club Mobilité démarre pour étudier les réponses possibles à l’évolution de la situation des bénéficiaires.

 

3) Interroger les modalités de prescription et de souscription des programmes pour les rendre accessibles à des publics qui font face à des situations de rupture.

La situation actuelle se traduit pour certains ménages par des baisses brutales de ressources. C’est le cas des publics intérimaires, des saisonniers, des CDD non-renouvelés dont l’activité s’est subitement réduite ; c’est aussi le cas des publics bénéficiant de l’aide sociale, plus difficiles à atteindre dans un contexte de confinement et de manque d’équipements ou de ressources humaines pour poursuivre les opérations. Des dépenses ont également augmenté et pèsent davantage dans le budget des ménages, comme l’illustre le cas largement médiatisé des dépenses alimentaires en augmentation pour pallier l’absence de cantine scolaire, chez les familles pauvres.

–> Comment repérer les publics en situation de rupture ? Une première piste consiste ainsi à renforcer le repérage des publics fragiles par les bailleurs sociaux partenaires de l’Action Tank : Finistère Habitat, Seine-Saint-Denis Habitat, et à porter plus largement cette démarche de repérage auprès d’autres bailleurs et collectivités, sur la base des expérimentations et des enseignements formulés avec les partenaires actuels.

–> Comment faire évoluer les critères d’éligibilité ? Plusieurs programmes de l’Action Tank reposent sur une éligibilité évaluée selon le quotient familial, le revenu fiscal de référence ou la qualité de locataire du logement social des ménages. Ces trois indicateurs ne prennent pas en compte aujourd’hui les changements de vie brutaux. Peut-on alors imaginer pour les programmes une modalité de souscription alternative qui prendrait compte de l’évolution récente des conditions de vie et du niveau de ressources ? Cette question est actuellement traitée à l’échelle de chaque programme.

–> Quels nouveaux acteurs pourraient être impliqués ? Par exemple pourrait-on s’appuyer sur les banques, aux premières loges pour constater les chutes de ressources de leurs clients ? C’est un levier que l’Action Tank propose d’actionner dans le cadre de son travail auprès des banques du Collectif d’entreprises pour une économie plus inclusive[1] : développer la prescription (par l’information, a minima) d’offres inclusives par les banques auprès de leurs clients fragiles, mais aussi renforcer la prévention du non-recours aux aides sociales. Les modalités d’expérimentation doivent être discutées dans les semaines à venir.

 

La semaine prochaine, nous faisons le point sur les effets de précarisation déjà constatés ou attendus face à la crise Covid19, et sur les pistes de l’Action Tank pour apporter une réponse en lien avec notre mission de développement de programmes innovants de lutte contre la pauvreté.

[1] https://www.usinenouvelle.com/editorial/emmanuel-faber-et-thomas-buberl-sont-ils-les-nouveaux-parrains-d-un-capitalisme-francais-inclusif.N929069